STOP A LA LOI DU SILENCE

mardi 17 octobre 2017

LE DESTIN DES CONCUBINS (OU DES PACSES)



 
Mon engagement de confidentialité m’interdit de vous parler de la situation récente d’une amie qui vient de perdre son conjoint après 32 ans de vie commune.
Alors je vous raconte une histoire qui a défrayée la chronique il y a quelques années.

Stieg Larsson, de son nom complet Karl Stig Erland Larsson, né le 15 août 1954 à Skelleflehamn, est mort d’une crise cardiaque le 9 novembre 2004 à Stockholm. Il était un journaliste et écrivain suédois connu pour son engagement contre l’extrémisme de droite et le racisme. Publié à titre posthume entre 2005 et 2008, sa triologie « Millénium » le rend mondialement célébre.


En 1991, il coécrit un livre, Extremhögern (« La Droite extrême »), puis Sverigedemokraterna: den nationella rörelsen(« Les Démocrates suédois : Le Mouvement national »). Il donne des conférences partout dans le monde, y compris à Londres, invité par Scotland Yard. À plusieurs reprises, il est menacé de mort.


Quelques mois avant son décès, il contacte en effet le plus grand éditeur suédois, Norstedts, et lui livre une série de trois romans policiers, soit près de trois mille pages. Le premier s'intitule Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes (Millénium 1, Män som hatar kvinnor, paru en suédois en juillet 2005) ; le deuxième, La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette (Millénium 2, Flickan som lekte med elden, paru en suédois en mai 2006) ; le troisième et dernier, La Reine dans le palais des courants d'air (Millénium 3, Luftslottet som sprängdes, paru en suédois en mai 2007). Le succès est au rendez-vous, malgré (ou en raison de) l'absence tragique de l'auteur pour promouvoir son œuvre. 

L'éditeur vend deux millions trois cent mille exemplaires en suédois. Stieg Larsson croyait dans sa bonne étoile. Il parlait de ses romans comme de son « assurance vieillesse »4, et envisageait des Millénium 456... Il pensait aller jusqu'à dix volumes.


Ce sont pour des raisons de sécurité qu’Eva Gabrielsson et Stieg Larsson ne se sont pas mariés. Ils ont vécu 32 années d’une extrême complicité en dépit des menaces pesant sur le journaliste.  Et ce, pour ne pas être pistés par les néo-nazis. Car à l'instar des héros de Millénium - Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander -, Stieg Larsson a lutté pendant toute sa carrière de journaliste contre l'extrême droite et le racisme, au côté de sa compagne.

Eva Gabrielsson dénonce le système suédois fait des registres d’état civil des documents publics accessibles à tout le monde et à n’importe qui. C’est possible de trouver des informations sur les impôts que l’on paye ou encore sur l’immatriculation des véhicules", a-t-elle précisé sur Europe 1. Ainsi, "tant que nous n’étions pas mariés, Stieg aux yeux du public était fiché comme célibataire et non marié. Il n’avait pas de place dans les registres d’état civil de mariage et il n’y avait que mon nom sur le titre de propriété de notre appartement et sur les factures d’électricité. C’est une solution pratique", a-t-elle assuré, d’autant que Stieg Larsson n’était pas proche de sa famille biologique.

Pourtant, aujourd’hui, ce sont le père et le fils de l’auteur défunt qui sont les seuls ayants droits de Stieg Larsson. C’est pourquoi, depuis six ans, Eva Gabrielsson se bat pour récupérer une partie de son héritage. Car, affirme-t-elle, "ce qu’ils font salit les idées de Stieg et manque totalement de respect envers la vie qu’il a eu. Je pense que Stieg aurait été très blessé". 

Et Eva Gabrielsson l’assure, "ce n’est pas l’argent" qui l’intéresse dans cette affaire. Pour se défendre, elle raconte d’ailleurs que "la dernière proposition" de son avocat, "c’était qu’on se partage les bénéfices" : que les héritiers gardent 80% du butin de Millenium et qu’il lui advienne donc les 20% restants. Elle a ainsi refusé en juin 2010 les 2,1 millions d'euros proposés en conciliation par la famille Larsson ainsi qu'une place au conseil d'administration de la société qui gère les droits des oeuvres de l'écrivain.

"Ma volonté, ce n’est pas de mettre la main sur l’argent, mais plus de travailler sur une œuvre que je connais et bien entendu de respecter nos connaissances communes qui ont permis de créer Millenium", plaide-t-elle. 

C’est d’ailleurs le combat qu’elle mène à travers son ouvrage Millenium, Stieg et moi, publié en janvier 2011 aux éditions Acte Sud. Rédigé avec la journaliste Marie-Françoise Colombani, cet ouvrage retrace la vie des deux amants, mais aussi leurs combats, en particulier au sein du journal Expo, que Stieg Larsson avait créé en 1995 face à la montée de l'extrême droite en Suède. Mais elle dénonce également "l’industrie et la marque Stieg Larsson".

32 années de vie commune effacées, c’est ignoble !  "J’ai l’impression que l’on m’a rejetée 40 ans en arrière, dans ma propre vie, que je suis retournée dans le passé et que je viens seulement de quitter mes parents à 18 ans. Je me retrouve au point de départ de ma vie d’adulte puisqu’on me dit vous n’avez pas le droit de continuer votre vie en tant que la femme mûre que vous êtes aujourd’hui. Je reviens au départ de ma vie d’adulte", déplore-t-elle.


Pour mon amie pacsée en 2010 en raison de la maladie de Michel, elle se bat aujourd’hui pour garder son logement (32 ans de la vie d’un couple exemplaire) et ne pas vivre le crève-cœur de quitter son habitat qui fut le nid de leur amour.

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