STOP A LA LOI DU SILENCE

dimanche 19 février 2017

La fonction paternelle






Céline, ma fille, rêvait d’un père aimant.
Toute sa vie, elle a été en quête de cet amour paternel. Je ne sais plus si c’est Cindy ou Marie, les deux meilleures amies de Céline, qui m’a raconté qu’un jour, se baladant toutes les deux en ville, elles ont croisé Gérard, mon ex mari, en conversation dehors, à coté du bus qu’il conduisait. Céline, en le voyant, a aussitôt couru vers lui, l’a embrassé, puis s’est sauvée de peur de ses réactions.

C’était çà la vie de Céline, ce besoin qu’elle avait de courir vers son père, d’attirer son attention, de réclamer un peu de tendresse.
Malheureusement, l’image du père ne correspondait pas à ses attentes. Elle avait en retour un père coléreux, violent en paroles et en actes et bien souvent, elle devait se cacher pour ne pas avoir à affronter son courroux…

J’ai déjà longuement épilogué sur cette maltraitance psychologique dont elle fut la victime, et qui, en dépit de tout mon amour et toute ma protection, a fait évoluer à l’âge de l’adolescence des troubles comportementaux Borderline.

Qu’est-ce qu’on attend d’un père à l’heure actuelle ? J’ai lu un magnifique article de Yvon Dallaire, Psychologue au Québec (Canada).
Comme à mon habitude, je vous donne le lien qui vous permettra de lire cet article dans son intégralité :

" En quoi consiste réellement la fonction paternelle ? "

Il existe une différence fondamentale entre rôle sexuel et fonction sexuelle. En résumé, le rôle désigne des comportements, des actes ou des attitudes conscientes, volontaires, concrètes, interchangeables et relatifs comme les tâches ménagères ou de pourvoyeurs. Ces rôles évoluent au gré du temps et des modes et peuvent être indifféremment remplis par la mère ou le père (identité de genre). La fonction est à l'inverse des rôles car celle-ci est inconsciente, psychologique (non volontaire), unique, spécifique et absolue (identité sexuée). Aucune mère, malgré sa bonne volonté, ne peut remplir la fonction paternelle ; elle ne peut remplir que " sa " fonction maternelle. Et vice versa !

La fonction maternelle est d'abord une fonction de matrice, de source nourricière, d'enveloppe, de réceptacle de vie, de rétention. La mère représente l'abri, la sécurité, la protection, la chaleur, l'affection, la fusion, la compréhension La mère représente l'amour. La fonction du père en est une de séparation, d'expulsion du sein maternel, de distinction, de différenciation. Le père doit éduquer ses enfants dans le sens étymologique du mot " educare " : faire sortir, tirer dehors, conduire au-dehors avec soin. 

La fonction du père est de séparer l'enfant de la mère. Il doit s'interposer entre la mère et l'enfant pour permettre à l'enfant de développer son identité en dehors de la symbiose maternelle et rappeler à la mère qu'elle est aussi une femme, une amante, un être de plaisir, non seulement un être de devoir généreux.

L'enfant apprend, par sa mère, qu'il est au centre de l'univers, de son univers ; il doit apprendre, par son père, qu'il existe d'autres univers avec lesquels il devra collaborer pour survivre et s'épanouir.

La fonction paternelle se manifeste dans cinq secteurs précis :
1.   La protection. L'homme du XXIe siècle sera de plus en plus appelé à assurer, en plus, une sécurité émotive non seulement pour ses enfants, mais aussi pour sa femme (c'est d'ailleurs là l'une des principales demandes de la femme moderne).
2.   L'éducation. Le père doit faciliter à ses enfants l'apprentissage du contrôle de soi ; il doit leur apprendre à renoncer à la satisfaction immédiate de ses besoins et désirs ; il doit leur apprendre la patience. Il doit surtout les aider à canaliser leur agressivité vers une expression positive et constructive de celle-ci. Il est évident que, ce faisant, il apprend lui aussi à mieux gérer ses propres besoins et sa propre agressivité.
3.   L'initiation. Le père initie l'enfant aux règles de la société, sinon aucune vie sociale n'est possible.
4.   La séparation. La femme moderne demande à l'homme du XXIe siècle de l'accompagner dans toutes les étapes de la grossesse, de l'accouchement et des soins de l'enfant et je crois que cet accompagnement constitue une excellente façon de développer le sens de la paternité. Mais, j'insiste pour réaffirmer que la fonction du père est de séparer l'enfant de la mère et la mère de l'enfant et non pas de former une " sainte trinité " où chacun perd son identité. Ainsi, le père permet la survie et l'épanouissement de l'enfant ; ainsi, l'homme permet la survie et l'épanouissement de la femme qui existe dans la mère.
5.   La filiation. Peu importe le nom de famille donné à l'enfant, celui-ci a besoin de savoir qu'il a un père et qui est ce père. Il a aussi besoin de savoir qu'il s'inscrit dans une lignée qui possède une histoire. Il a besoin de se sentir relié à l'humanité, qu'il fait partie de la grande famille humaine.


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