STOP A LA LOI DU SILENCE

vendredi 24 juin 2016

Céline Fabre, mon enfant



Décrire la tendre enfance de ma petite Céline, j’avoue que cela m’est particulièrement difficile. Ma puce était un bébé de césarienne et elle dormait beaucoup dans les premiers temps. Elle a marché très jeune et je me souviens que je devais courir après elle pour lui donner le biberon.
Je n’ai pas de souvenir de mon mari dans la prime enfance de mon enfant : il était très absent. En fait, nous menions mes enfants et moi une relation pleine de tendresse, de chansons et de rire.
Par contre, il faut que je vous dise : Céline a été conçue dans la période trouble du noël 1982. Comme chaque période de fêtes mon mari était souvent ivre dans les réunions de famille. Lorsqu’il était ivre, mon mari me prenait sans ménagement et notre enfant n’est pas issu de la relation amoureuse d’un couple, mais d’un viol sauvage et douloureux qui m’a fait envisager l’avortement.
Je n’ai pas pu aller jusqu’au bout de cette démarche, par conviction religieuse. Et à sa naissance, j’ai eu la joie d’accueillir cette petite fille dont j’avais la quasi exclusivité puisque mon mari se désintéressait de nous et vaquait à d’autres occupation beaucoup plus distrayantes avec sa collègue de travail qui occupait une large partie de son temps. Cette relation extra conjugale avait commencé alors que j’étais enceinte de Laurent et j’en ai été extrêmement jalouse et mortifiée.
Notre histoire a réellement basculé lorsque j’ai eu la faiblesse de répondre aux avances d’un voisin. Cet homme vivait seul depuis que sa femme l’avait quitté, emportant tout dans la maison. Je le savais si malheureux que nous l’avons amicalement accueilli chez nous. Gérard, mon mari l’avait pris en amitié et ils faisaient ensemble de longues balades à vélo. Et puis, il y a eu ce soir maudit de février 1984. Il était venu manger chez nous avec sa mère. J’étais sorti au garage pour chercher le vin et il m’avait suivi. Il m’a pris dans ses bras et je ne l’ai pas repoussé. Il m’a embrassé et j’ai répondu à son baiser. Toute la soirée, j’ai été mal à l’aise, évitant tout nouveau contact avec lui et m’efforçant de ne rien laisser paraître du trouble qui m’avait envahi.
Mais je ne sais rien cacher, je ne sais pas mentir. Je me rendais malade de ce qui s’était passé alors j’ai commis la plus terrible erreur de ma vie. J’ai tout dit à mon mari. Plus tard, j’ai même écrit à la mère de cet homme pour m’excuser de l’éviter parce que par la même occasion je risquais de rencontrer son fils.
Les jours, puis les mois qui ont suivi m’ont semblé idylliques. Mon mari s’était rapproché de moi. Peut-être avait-il eu peur de me perdre. Je me souviens même avoir béni cette jalousie soudaine car enfin renaissaient entre nous les relations d’un couple aimant.
Mais c’était mal connaître cet homme. Il s’est mis à tout contrôler dans ma vie ; s’assurant que j’étais bien au travail, contrôlant le kilométrage de ma voiture, fouillant mon sac, vérifiant mes contacts téléphoniques… Les crises de jalousie prenaient au fil du temps de plus en plus d’ampleur et sa violence s’exerçait de plus en plus, contre moi uniquement jusqu’à ce jour terrible où il m’a battu. C’était en août 1985. Mes enfants ont malheureusement étaient témoin de cette scène. Ils avaient alors 4 ans et 2ans. Je n’ai pas porté plainte, seul mes parents et mes beaux parents m’ont vu le visage tuméfié, pas d’autres témoins puisque c’était alors la période de mes congés annuels.
La violence qui s’était installé dans notre couple rejaillissait sur nos enfants et surtout sur Céline. Je me demande si ce n’est pas dés ce moment là qu’il a eu des doutes pour sa paternité. Et pourtant, je n’ai pas d’autre père (ou plutôt géniteur) à proposer à mes enfants. Dans ma conception chrétienne, les liens du mariage sont sacrés.
Céline est devenue son bouc émissaire. A chaque fois qu’il s’adressait à elle, c’était en hurlant. Il n’avait que des reproches et des vexations à son égard. Un jour, il l’a même enfermé dans la cave, dans le noir sans que j’ai eu le temps d’intervenir. Je me suis jetée sur lui et si j’ai reçu des coups ce jour là, lui aussi en a reçu. Quand je suis parvenue à libérer mon enfant, il est parti en claquant la porte. De ce jour là, Céline était terrorisée lorsque son père s’approchait d’elle. Elle avait une cachette dans une armoire de la salle de bain où elle allait se réfugier.
Lorsque je parle de vexation, je parle de ses propos : bonne un rien, fainéante, grosse vache…et j’en passe.
C’est difficile pour moi de revivre cette longue période de terreur que fut ma vie et de me rendre compte à quel point il la détruisait à petit feu, à quel point elle se détestait d’être cette bonne à rien, cet être méprisable…J’avais beau la rassurer, lui dire à quel point elle était belle, intelligente, sensible. Combien de fois elle m’a dit : papa a raison, je ne ferai jamais rien de ma vie…
C’est lorsque toute cette violence a commencé à exploser, c’est lorsque mes enfants étaient petits que j’aurai dû divorcer.
En fin d’année 2004, mon beau père, père de Gérard trouvera la mort. Mes enfants étaient présents au funérarium et ma fille fut, en ce lieu de recueillement, victime des insultes de son père.
Ma belle famille fut à mes cotés aux funérailles de Céline.
Quelques mois plus tard, ma belle mère nous quittait également, rongée par le chagrin.











1 commentaire:

marie claude lefrere a dit…

Céline était Borderline. Elle s'est suicidée le 30 août 2005 dans son petit appartement de Sallaumines.